samedi 20 février 2010

Nous avons tous un Brian dans notre vie

Que de choses se sont passées depuis mon dernier post. Un voyage en Pologne; l'adieu d'Erasmus me rappelant le mien; la quête d'un costard, le World Mobile Congress; le premier anniversaire de mon arrivée à Brighton; ma première Guiness depuis que j'ai quitté Albion. Bref, de quoi alimenter ce blog. Mais bien entendu, je ne le ferai pas. Du moins pas maintenant. Aujourd'hui je veux rendre hommage à une espèce humaine qui prolifère sous les Pyrénées. Une espèce que j'ai décidé de nommer: Les Brianstorms (référence au titre des Arctic Monkeys)


Le brianstorm a entre 25 et 35 ans. Il feint ne pas se soucier de son âge mais en réalité, c'est son pire démon. Le temps est le diable qu'il tente de combattre à coup d'abonnements aux salles de sport. Chaque anniversaire, il prétend être heureux de passer un cap, mais en réalité, c'est un coup de poignard à son estime. Chaque ride supplémentaire est un sms de Satan; chaque cheveux blanc un pas de plus dans la Divine Comédie de Dante.
Après le boulot, il court droit vers le gymnase. Bise avec le gérant, salutations aux collègues, petit commentaire sur la nouvelle barre multivitaminée PowerAbs et hop, au vestiaire. Là, Brian prend deux minutes pour enfiler son équipement et quatorze à admirer son meilleur ami: le miroir.

Brian pousse à son paroxysme la citation de Juvénal "Mens Sana In Corpore Sano". Il bombarde son corps de vitamines, il connait les calories de tous les produits du Carrefour, 0% matière grasse est son Saint Graal. Les termes Kebab, Docteur Oetker, Lays ou Burger King lui donne de l'urticaire. Des problèmes de peau? Il n'en a pas. Il possède la carte fidélité d'Yves Rocher. Son épiderme semble avoir été retouché par Photoshop. Crème de jour, de nuit, à mi-temps, à plein temps. Autobronzant, hydratant, réaffermissant, blanchissant; sa salle de bain est un champ de bataille contre le temps qui passe. Les cadavres et les douilles s'appellent Nivea, l'Oreal, Biotherme, Dove.

Ce surplus d'énergie causé par l'abus de soins, se traduit par une hyperactivité agaçante pour son entourage non-brianstormien. Il est partout, ne veut rien rater. Il participe activement à toutes les conversations. Quand il parle, il gesticule, exagère ses réactions; comme les marins de Brel, il se tord le cou pour mieux s'entendre rire.

Brian est people. Dans son monde, tout le monde l'aime, tout le monde l'envie. Le samedi après-midi, il le passe chez G-Star et Replay. Il y déniche pour ce soir, le jean et la chemise qui feront de lui le trou noir de toutes les attentions. La nuit tombée, direction le quartier le plus hype de la ville avec ses acolytes brianstormien. Car oui, Brian se sent vraiment réalisé qu'en compagnie de ses compères. Dans le bar branché et en sirotant un mojito à 9 euros, ils discutent des nouvelles machines du gymnase, des dernières boissons isotoniques, de leur culture, de leur monde de beauté et de perfection. En boite, ses muscles ainsi que sa chemise trois tailles trop petite l'empêchent de danser naturellement; peu importe, le naturel c'est pour les loosers. Le lendemain il racontera que la soirée fut violente, qu'il s'est adonné à la bad life de la nuit. La réalité est autre. Il a payé pour trois whisky-coca le prix d'un aller-retour en Pologne avec Ryanair. Dans chaque verre, les trois glaçons de la taille d'une balle de tennis laissaient peu de place pour le coca; le whisky a lui dû passer un concours pour se frayer un passage. Mais Brian s'en moque. Il travaillera dur cette semaines pour, à nouveau, se jeter à corps perdu dans le monde de la débauche brianstormienne.

Quand je parlais de "leur" culture, je tiens à souligner le terme "LEUR". Dans son monde, Rihanna est une chanteuse à texte, le techno italienne un descendant direct de Bach et Mozart, Ben Affleck un acteur plein de nuances. Son livre de chevet est le dos d'emballage de tout aliment. Mais parfois, il investit dans un best seller de type Dan Brown, parce que ça le fait de sortir un bouquin à la pause déjeuner du travail.
Brian est ouvert d'esprit, il n'a pas peur d'aller à la rencontre d'autre populations. Il a visité Bodrum en Turquie, la Costa Brava, la Tunisie, le Maroc, Punta Cana,... le tout, toujours accompagné de son petit bracelet Club Med. Quel aventurier ce Brian.

Nous avons tous un Brian dans notre vie. Mais attention, ils peuvent se cacher sous d'autres prénoms, être fille ou garçon. Si un ami vous confie qu'il hésite à s'inscrire à une salle de fitness, offrez lui sans attendre la carte Fnac. Ne le laissez pas tomber. Chuck Norris ne le ferait pas.

Read more...